Tu te souviens de la fois où je t’ai proposé d’aller t’assoir, toi et moi, au bord de la falaise surplombant feu la métropole, tandis que cette dernière disparaissait dans les flammes de la corruption, au gré des bombes lâchées ça et là ? On s’est posé, les jambes dans le vide de leur existence, à partager une bière bien fraiche et le néant de notre vie.
Ce fut un spectacle magnifique. Le soleil couchant, boule de feu se fondant à un incendie de superbe volée aux âmes immolées dans une mer de moderne en feu et de contemporain en flamme.
Là, je t’ai pris la main, et t’ai fait une promesse : nous étions nés dans un monde trop froid pour nos ardeurs et allions mourir dans un monde brûlant dans la terreur ; nos derniers instants, à l’instar de nos pensées, se devaient d’être mitigées.
Nous devions partir.
– me
—
et alors que les flammes dévoraient l’atmosphère à l’horizon, nous fimes semblant de rien. Nos yeux clos sur notre passé et notre avenir, nous nous embrassames. Le souffle de la détonation nous parvenait déjà. Qu’il était doux d’assister aux derniers instants d’un monde décadent et putride. Les flammes de l’enfer léchaient déjà nos joues, nos cheveux, nos paupières. Durant un instant le brasier en mon sein rendit l’apocalypse silencieuse.
– Adrien